« Attablez-vous
voici du vin
et du soleil…
parlez d’ailleurs
d’autres parfums
d’autres couleurs
le temps est incertain
je ne suis sûr de rien
un nuage qui passe
et c’est l’ombre d’un doute
on voudrait en finir avec la solitude
avec le mal de vivre et les couteaux rentrés
je traque dans les mots des espaces possibles
toujours au fond du cœur rougeoie ce rouge-gorge
les jours s’étirent
un ciel se trouble
on se souvient
entre vos doigts
du sable roule
enfant lointain
cette vie qui s’en va
tu ne la retiens pas
un matin tu t’éveilles
et c’est comme une écharde
on est de ce pays de ratures et de rides
un fil usé se brise et tout se désaccorde
j’éponge avec des mots toute une eau noire qui monte
toujours au fond du cœur rougeoie ce rouge-gorge
le temps se tait
verrou tiré
sur l’avenir
la mort plantée
comme une dent
dans ce silence
un mégot se consume
il balise ta nuit
c’est un cri mal éteint
dont tu n’es que la cendre
on est au bord de tout dans cette horreur du vide
à perdre au jour le jour la guerre inguérissable
je sème dans les mots comme un blé de renaître
toujours au fond du cœur rougeoie ce rouge-gorge
attablez-vous
voici du vin
et du soleil… »
Jean Vasca