A l’extrémité d’une aventure

« Alors imaginez si vous pouvez l’enfilade d’une rigole. Au milieu de la rigole il y a un quelconque objet qu’on a jeté, supposez un encrier vide. Tout d’un coup cet encrier, ce déchet, prend une importance ahurissante. On ne voit plus que lui. Qui est-ce qui a jeté cet encrier dans la rue ? Quel rapport avec la vie ? Il y a eu des jours, pas si lointains, disent les gens, où l’on ne pouvait pas acheter d’encre dans les librairies si on n’apportait pas un encrier. La dernière guerre… Maintenant c’est pour nous la dernière paix. Mais combien de mots peuvent sortir d’un encrier, y avez-vous songé ? (…)

Vous voyez, c’est bien l’idée d’une attention à des choses très familières, une ruelle avec ses déchets, et qui, on ne sait trop comment, donne soudain une perception, un éclairage différent de la perception…

(…)

Il y a des détails qui peuvent vous mener à l’extrémité d’une aventure. »

André Dhôtel (en entretien avec Germaine Beaumont et Patrick Reumaux)

 

Cet article a été publié dans Extraits, Théorie. Ajoutez ce permalien à vos favoris.

Laisser un commentaire