La disparition du monde

« L’enfant qui courait dans le jardin

Côtes saillantes accrochant le soleil

Avant la disparition du monde

La discrète apocalypse

L’enfant, son regard, fauchés par l’éclipse, le feu

La mémoire n’en pouvait plus

Le métal de la clef des noces avec soi-même

Gardée dans la poche

Avait atteint son point de fusion

Avait laissé sa forme de clef sur la peau

Sa forme qui brûlait narguait hurlait dans la chair

De ne plus rien pouvoir, de n’ouvrir plus aucune clairière

 

En cette ère de nuit totale il y eut des jours pourtant

Où se rêvait autour d’un brasero un très fragile langage

Peu à peu réinventé à partir de loques et de troncs calcinés

Un langage déposé dans les cendres comme un buvard

Jusqu’à faire apparaître l’encre des petits pieds

Qui couraient toujours

Depuis un jardin dont les herbes, la vérité

N’avaient cessé de croître dans les catacombes. »

Cédric Migard

 

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