Le poème accompagne les mots

« Le poème accompagne les mots

Jusqu’à ton grenier de silence

Là où un brin de luzerne entre deux pages de pollen

Garde la halte de la mémoire

Là où les draps posés sur les choses

Tournent leurs yeux vers l’intérieur

Comme des fantômes veilleraient sur les morts futurs

Là où le petit bois est parfum d’incendie

Où les doigts ne comptent plus

Où la goutte d’eau est à son jusant

Là où dans une poignée de poussières en suspension

La vie ne fait toujours que commencer

Où un pépin de pomme attend de redevenir fruit

Sous la semelle d’un soulier

Et la lampe sans ampoule, le tour de potier

De ne plus servir à rien

Trempent l’œil

D’une rosée de lumières neuves

Pleurs sont fleurs

Sous la lucarne qui ouvre la bouche dans les jours de vent et de pluie

Entre de fécondes mannes de soleil

Tu ne sais plus si tu ne t’es jamais vraiment emmené là

Ne sais plus la dernière fois où tu as pu être ton poème

La dernière fois que tu t’es semé

La dernière fois que tu as chanté avec la voix des oiseaux. »

Cédric Migard

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