« Je dessine une maison
Aussi jaune que le jaune
Sur une page d’herbe
Aussi verte que le vert
Je change d’œil et de plume
Une fenêtre s’allume
C’est le soir dehors aussi
L’herbe s’est un peu noircie
Changé de main et de craie
Je suis derrière la haie
Tu viens d’entrouvrir la porte
Qui dessine de la sorte ?
Mais personne ne répond
Tu trouves que l’air est bon
Tu fais trois pas et tu frôles
La haie avec ton épaule
Je me meurs au bord des mots
Qui feraient tout disparaître
L’herbe l’air et la fenêtre
Et ce silence trop beau
Mais parmi les yeux du ciel
Ceux de l’herbe et de la haie
Tu viens de trouver mes yeux
La maison déjà vacille
Dans son petit matin jaune
Et le soleil éparpille
Dans son or l’herbe et la craie
C’est la lampe qui me pille
Les beaux mots que je mettrais
A parler de mille choses
Tout en gardant le secret
Du ciel vert et de l’herbe rose
Et de trois pas dans le soir
Que je pose sans rien voir
Au bord des mots et des choses. »
Gilles Vigneault