« La poésie est le contraire du spectacle. Ce qui se voit, s’entend, se touche est le domaine de l’homme poète. Cela le nourrit. Mais ce qu’il en tire, la poésie, quand il atteint le degré de fusion nécessaire à la transmutation, c’est le résidu de la combustion au fond de la cornue ou du creuset, c’est l’essence qui n’a plus du tout la forme ou la saveur des éléments concrets desquels elle est extraite. Elle est un nouveau concret. Ce que l’alcool est au vin, le parfum à la plante. Et le spectacle intérieur, s’il y a spectacle, ne peut avoir tout son effet qu’à l’intérieur. Il est inextériorisable sous peine de perdre toute vertu. Ce qu’il touche, remue, ébranle et émeut, n’est à sa vraie et juste place qu’au dedans. »
Pierre Reverdy