« Les grands poètes sont comme des fleuves silencieux
Calme chacun d’entre eux, son chant s’allonge dans la plaine
Emplit son lit sans heurt, chaque bras couche chaque fleur
Cela se passe dans un autre monde fraternel
Le peuple habite les territoires libérés
Cela se passe dans un autre monde, le poète montre du bras
Ce pays est à toi jusqu’à la ligne des montagnes
Maintenant que nous avons pris possession de notre vie
Nous camperons dans ce pays que nos voix simples délimitent
Maintenant que les statues renversées servent de sièges pour les vieux
Voyez, ce monde est minuscule et le soir tombe
Les grands poètes sont comme des fleuves silencieux
Calme chacun d’entre eux, son chant s’allonge dans la plaine
Emplit son lit sans heurt, chaque bras couche chaque fleur
Nous camperons dans cet enclos que nos voix simples délimitent
Ô la vie quotidienne à nous donnée dans la parole des poètes
Un homme meurt, il rêve à son enfance
Dans la rue, les enfants jouent, quelqu’un pleure, une femme crie
C’est dans un autre monde ouvert à la parole des poètes
Bien plus tard quand nous aurons vaincu
Ô tous mes camarades
Qui ne comprenez pas les mots que pour vous disent les poètes
Ô tous mes camarades dispersés dans le silence et la douleur
Ô travailleurs qui êtes seuls chacun dans son silence et sa douleur
Un jour viendra ! Une jour viendra ! Un jour viendra !
Les grands poètes sont comme des fleuves silencieux
Calme chacun d’entre eux, son chant s’allonge dans la plaine
Emplit son lit sans heurt, chaque bras couche chaque fleur
Cela se passe dans un autre monde fraternel
Le peuple habite les territoires libérés »
Jacques Bertin
Pablo Neruda : « Il nous faut remplir de mots les lieux les plus lointains d’un continent muet. »