« Je me suis découvert une poitrine de rouge-gorge dans l’adolescence. C’est-à-dire qu’il y avait quelque chose qui battait, les émotions étaient très vives, elles étaient comme chauffées à blanc et elles demandaient à s’exprimer. Et cette poitrine de rouge-gorge, soit elle éclatait, soit j’écrivais. Parce qu’en écrivant, je pouvais délivrer ce que je ressentais. J’ai été touché par la vie, si vous voulez, depuis toujours, de plus en plus, et encore maintenant, comme par un fer, porté au blanc, porté au rouge. Brûlé. Et l’écriture, c’est à la fois l’apaisement de cette brûlure et la transmission. C’est-à-dire, ce qui me brûle, je souhaite que cela brûle autrui. Parce que ce qui me brûle est précieux, je le ressens comme tel du moins. Ce qui me brûle, c’est de l’humain, c’est du lumineux, c’est du vivant, c’est la vie même, et parfois insupportable mais tellement belle. Et je ne peux pas faire autrement que la partager, qu’essayer de la partager. C’est ça qui m’a amené à écrire. »
Christian Bobin en entretien avec Ariane Warlin