« Il y a toujours du deuil dans l’écriture. C’est un travail au noir. On n’écrit pas avec de l’encre des mers du Sud. C’est une façon de regarder le monde qui nous entoure, les autres êtres, et le langage lui-même à partir d’un regard d’enfant perdu, du regard d’enfant qu’on a perdu, dont on sait qu’on l’a perdu; c’est-à-dire dans la mémoire peut-être de ce qu’espérait ou de ce qu’exigeait ce regard-là, et dans le deuil précisément de ce qu’il n’a pas pu voir. C’est pour cela que ce rapport à l’enfant dont vous parliez en citant Gombrowicz, n’est pas simplement un rapport nostalgique, c’est aussi un rapport fiévreux, voire nerveux, en quelque sorte une espèce d’impatience, de désir, dont l’enfant resterait en nous l’emblème lointain ou le foyer… »
Jean-Michel Maulpoix (en entretien avec Michel Méresse)