« Oubliez-moi quand vous construirez cette nasse
oubliez-moi je veux continuer à courir
je suis l’étrange étranger qui passe et repasse
et pour ne pas et pour ne plus jamais souffrir
je me suis construit une maison dans ma tête
j’y vais j’y chante et j’aime me perdre en chemin
le vieux trognon râle le vieux moteur halète
pourquoi encore avoir bifurqué par les mains?
une maison pour le peu de temps qui me reste
un cap dressé haut contre la vague du temps
enfin j’y pourrai accrocher ma vieille veste
vider mes poches des papiers des sentiments
les papiers portent les noms des amis qui nichent
dans les mansardes sous le toit dans le grenier
tel est ce haut pays en poèmes et friches
ceux aussi que j’ai oubliés vous y viendrez
je vous montrerai les amours des rimes riches
et des chevreuils sur le seuil de l’éternité. »
Jacques Bertin