« Il n’y a rien de plus mystérieux que ça, ce dédoublement de l’être humain quand il écrit.(…) La plus forte histoire de toutes celles qui peuvent vous arriver c’est d’écrire. Je n’en ai jamais eues d’aussi violentes – sauf, si, mon enfant. D’ailleurs je ne fais pas la différence. C’est complètement l’équivalent de la vie. Quelquefois ça se produit au-dedans d’écrire. L’inconnu de ma vie c’est ma vie écrite. Je mourrai sans savoir cet inconnu. Comment on a écrit ça, pourquoi, comment j’ai écrit, je ne sais pas, je ne sais pas comment ça a commencé. On ne peut pas l’expliquer. D’où viennent certains livres ? Il n’y a rien sur la page et tout d’un coup il y a trois cents pages. D’où ça vient ? Il faut laisser faire quand on écrit, il ne faut pas se contrôler, il faut laisser aller parce qu’on ne sait pas tout de soi. On ne sait pas ce qu’on est capable d’écrire. »
Marguerite Duras