A travers moi maintes voix

« À travers moi maintes voix longtemps muettes,

Voix des interminables générations d’esclaves,

Voix des prostituées et des mal formés,

Voix des malades, des désespérés, des nains

Voix des cycles de préparation et d’accroissement,

Et des fils qui relient les étoiles – des matrices et de la semence des pères,

Et des droits de ceux qu’on accable,

Et des falots, ternes, sots et méprisés,

Du brouillard qui flotte dans l’air et des scarabées qui poussent leur boule de fumier.

À travers moi voix proscrites,

Voix des sexes et de leurs désirs…

Voix voilées, dont j’écarte le voile,

Voix indécentes par moi clarifiées et transfigurées.

Je ne mets pas mon doigt sur mes lèvres,

Je prête un aussi grand soin aux boyaux qu’à la tête et au cœur,

Le coït ne m’est en rien plus vil que la mort.

Je crois à la chair et à ses appétits,

Voir entendre et toucher sont miracles, et miracle est la moindre parcelle de moi. »

Walt Whitman

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