Cette étendue de lumière

« Quelqu’un écrit. (…) Penché sur une table de mauvais bois, penché sur un songe trop précis, quelqu’un écrit, que l’on voit de dos. Par la fenêtre entre la lumière du jour, celle de n’importe quel jour. Elle brûle les yeux. Elle brûle la première page du livre, lentement mange le livre, les mots. Brûlure sans flamme et sans clarté, brûlure inutile. A la fin du livre ne resterait plus que cette lumière, que cette plaie de la lumière, franche, nette. L’histoire serait finie, voyez, elle aurait échoué à faire venir la nuit, le sommeil. Elle resterait inachevée, définitivement inachevée avec devant elle cette étendue de lumière, cette éternité du jour, inentamée, intacte. »

Christian Bobin

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