Buissons de peu de foi

« Buissons de peu de foi

dit l’arbre solitaire

(…)

Vous me traitez de menteur

parce que vous n’en croyez pas vos yeux

lorsque des oiseaux inconnus

mêlent leurs feux à mes feuillages

Parce que vous ne faites pas confiance

à vos oreilles quand l’hiver

dit un psaume entre mes branches

Et quand je vous dis moi

que la bête du Gévaudan

s’accouple sur l’étang

avec l’ombre d’un loup des steppes

à l’échine de fougères

au regard d’ambre étoilé

vous prétendez que je m’invente

Et que je m’invente de même

quand j’affirme que mes racines

sont plus rapides que des taupes

et que les pierres au soleil

livrent au regard la saveur

du pain multiplié

Or c’est vous que j’invente

mes frères décevants

qui ne fleurissez pas

pour la joie des abeilles

mes amis d’apparence

pour qui toujours deux lièvres

et deux lièvres font quatre

et jamais trois flocons de neige

ou que sais-je

un champ de blé

Buissons de peu de foi

dit encore l’arbre

Et les buissons s’éloignent en eux-mêmes

vers des paysages muets

dont la poussière les rassure. »

Serge Wellens

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