Accord

« C’est donc de la poésie que l’homme brut a reçu sa première leçon de mise en corps. Le verbe, et avec lui, l’esprit, sont nés de cette danse initiatique nécessaire à la mise sur pieds des corps et à leur transformation. Il fallait accorder progressivement à l’univers cette chair première et brute de l’homme pour qu’elle cesse de n’être que quelconque barbaque et festin pour les fauves.

Ce prodige, seul l’art poétique pouvait le réaliser et, lorsque par un privilège de bienheureux, il nous arrive encore de ressentir intimement les mouvements aériens de notre propre pensée, nous ne faisons ainsi qu’entendre nos tam-tams internes, suivre nos métronomes biologiques et vivre les transes qu’ils suscitent dans le grand concert de la vie. L’art poétique a pris sa source dans ces turbulences, dans ces flux et reflux, ces violents brassages essentiels et ces décharges électriques colossales des premiers temps de la vie. Il est né des vibrations de l’univers, de ses puissantes contractions de parturiente, des spasmes de son ventre. »

Christian Erwin Andersen

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