Le centre

« Il m’arrive de parler en langue de fourmi, en pouce de bébé, en laine ou en galet. Il m’arrive de dormir en boule de neige ou en cuillère. Nos yeux se touchent dans les choses qu’ils voient. Les pains se parlent d’une bouche à l’autre. Le vide parfois sert de passerelle au plein.

(…) Les bouts de phrase cherchent la main qui manque. Ils poussent le regard au-delà de nous-mêmes. L’encre sur la page se répand dans la tête et pousse sur la vie. Ce n’est pas la distance qui sépare les hommes, c’est le centre qui manque. Je questionne la mort pour que la vie réponde.

L’enfant quand il dessine retient le soleil à deux mains pour ne pas qu’il s’efface. Il tient le cerf-volant pour ne pas qu’il s’envole. Quand j’écris je m’accroche à l’espoir. Je suis comme le trèfle cherchant la chance même en hiver, les petites feuilles frileuses faisant signe au soleil. Quand le soleil tombe, quand la lune se tait, quand les nuages boudent, quand le silence de le neige enlève son bâillon et les montagnes descendent, apportez vos gazous, vos timbales, un violon de papier, du hautbois, du basson, apportez vos couleurs et vos rebecs d’oiseaux, la musique parfois tient le décor debout. »

Jean-Marc La Frenière

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