L’écriture est une position

« Le problème qui joue à la fois comme censure et comme appât, c’est la représentation. Dès qu’on écrit, dès qu’on utilise un mot, on est dans la représentation. Et la représentation se substitue évidemment à la chose nommée mais aussi à l’ensemble des choses au fur et à mesure que le texte avance. Et je me demande si c’est le cas avec la poésie. Il me semble que le poème… cette espèce de bourdonnement du vocabulaire qui est dans notre espace mental, il s’agit de lui… comment dire ?… il s’agit de faire pleuvoir des mots, en quelque sorte. Parce que l’écriture c’est à la fois un acte qui se poursuit, mais c’est aussi une position, et une position qui facilite la concentration. (…) Et cette concentration est un acte plus essentiel peut-être que de déposer le premier mot. Et quand le premier mot apparaît, il peut apparaître sans appeler une représentation et entraîner avec lui une espèce de chute verbale qui, je le crois volontiers, est poème. »

Bernard Noël (en entretien avec Alain Veinstein)

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