« Comme une femme solitaire
Qui dessine pour parler
Dans le désert
Et pour voir devant elle
(…)
Le soleil naît sur la tranche d’un fruit
La lune naît au sommet de mes seins
(…)
Sur une autre bouche
Le temps me prendrait première
(…)
Je parle en l’air
A demi-mot
Je me comprends
(…)
Rien ne peut déranger l’ordre de la lumière
Où je ne suis que moi-même
Et ce que j’aime
Et sur la table
Ce pot plein d’eau et le pain du repos
(…)
Aujourd’hui lumière unique
Aujourd’hui l’enfance entière
Changeant la vie en lumière
Sans passé sans lendemain
Aujourd’hui rêve de nuit
Au grand jour tout se délivre
Aujourd’hui je suis toujours
Je serai la première et la seule sans cesse
Il n’y a pas de drame il n’y a que mes yeux
Qu’un songe tient ouverts
Ma chair est ma vertu
Elle multiplie mon image
(…)
Tous les mots sont d’accord
La boue est caressante
Quand la terre dégèle
Le ciel est souterrain
Quand il montre la mort
Le soir est matinal
Après un jour de peine. »
Paul Eluard