Le langage contient la clé

« Je crois que le langage contient la clé de tous les problèmes qui nous préoccupent. »

Jean Paulhan

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2 Responses to Le langage contient la clé

  1. Avatar de Suzanne Suzanne dit :

    C’est même une clé capitale
    Le mot « volonté » par exemple : « liberté de se déterminer à certains actes. » On croit que l’on n’a pas de capacité envers l’effort, alors que simplement on n’est pas libre. Et l’on se trompe de problème.

  2. Avatar de ecrivanture ecrivanture dit :

    Je trouve votre illustration très pertinente… Merci pour votre commentaire, Suzanne… J’entends également cette assertion de Jean Paulhan en lien à une question prégnante que j’aborde notamment dans le cadre des ateliers d’écriture, celle du langage comme lieu de conditionnement et de déconditionnement. Voici, à ce propos, un extrait d’une interview que j’ai donnée pour la revue de la Fédération des Maisons médicales, Santé conjuguée (consultable par ailleurs dans son intégralité sur le blog, sous le titre « Ecriture au singulier ») : « A mes yeux, ce serait galvauder l’écriture de la considérer uniquement comme une affaire de salons littéraires, de style et de jolis mots ou comme un simple outil de communication alors qu’elle touche en réalité à un champ de l’expérience humaine tout-à-fait fondamental et constitutif de notre être-au-monde. L’être humain est d’emblée dans le langage, il se construit à travers lui. Son nom, son identité, son appartenance à un système, ses goûts et ses valeurs, la manière dont il se lie aux autres et s’en différencie, sa perception, sa lecture du monde, etc. : tout passe par le langage. Et, dès lors, tout passe par le récit. Ne parle-t-on pas d’histoire d’amour, d’histoire familiale, d’histoire personnelle ou, pour définir le passé de nos sociétés, d’Histoire. Par ailleurs, l’espèce humaine est dominée par une recherche de sens, qui passe elle aussi par la nécessité d’une mise en histoire : un des premiers soucis du petit enfant est de savoir « pourquoi… ? ».

    Au regard de cela, lorsqu’on se lance dans un processus d’écriture, on peut saisir l’opportunité qui est offerte de faire bouger les lignes. Car si le langage est fondateur, nous ayant donné les repères nécessaires pour appréhender le monde et être à même d’y fonctionner – je le compare à une sorte de gardien et de professeur –, il participe également à une certaine forme de conditionnement. Nous sommes tous enfermés à des degrés divers dans une explication du monde et de notre vie, une catégorisation relativement rigide des choses, une certaine image de soi pouvant pour certains être aussi source de souffrance – le gardien s’est mué en garde. L’aventure de l’écriture de fiction permet alors, par une réappropriation et une mise en mouvement du langage, de sortir de l’enclos, d’aller au plus profond de soi, de se dire soi. C’est avant tout un espace de déconditionnement et de recomposition. On passe du général au singulier et, ce faisant, paradoxalement, on touche souvent à quelque chose d’universel. »

    Bonne journée.

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