L’arbre parle

« Écoute-moi comme on entend la pluie
ni attentive ni distraite,
les pas légers de la bruine,
l’eau dissoute en air, l’air tissé de temps,
le jour n’en finit pas de s’en aller,
la nuit n’est pas vraiment venue,
(…)
écoute-moi comme on entend la pluie,
sans écouter, écoute-moi parler
les yeux ouverts sur l’intérieur,
assoupie, chaque sens en éveil,
il pleut, des pas légers, rumeurs de syllabes,
l’air et l’eau, paroles qui ne pèsent :
ce que nous étions, ce que nous sommes
les jours et les années, cet instant même,
temps qui ne pèse, lourde peine,
écoute-moi comme on entend la pluie. »

Octavio Paz

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