« J’écris dans les interstices du temps.
Dans l’entre-deux où l’objet et la parole se rencontrent ou seulement se croisent…
J’écris dans un temps dérobé : dérobé au social, à la vie quotidienne…
Le soir, après une journée de travail, entre les obligations de la vie associative ou professionnelle, sans disposer vraiment d’une marge pour ce travail et cette obligation : écrire une parole poétique.
Devenir un individu. Devenir humain.
Écrire une parole – mieux : casser l’écriture par l’irruption de la voix !…
Écrire contre – contre l’autorité de l’écriture (au sens où elle se donne comme discours de pouvoir – sans discontinuer…) et écrire pour la vérité, vers la vérité – vers la possibilité d’un objet à la parole…
J’écris même quand la vie passe devant moi et que tout me manque (papier et stylo) pour écrire… J’écris même quand je rêve soudain une parole intense et signifiante et que le réveil m’en prive. J’écris même quand je traverse les épreuves de ma vie, de mes choix et que tout me manque (force et volonté)… J’écris même lorsque l’indicible impose à ma vue un horizon sans limites… »
Alain Suied