Une trace de main

« Une trace de main sur la porte-fenêtre donnant sur la forêt.

Dans les hôpitaux, les médecins plaquent brutalement contre un écran des clichés radiographiques, puis lisent à voix haute ce qu’ils voient : un poème en os, sur fond de vent polaire. C’est une carte postale que nous écrit notre mort depuis son lieu de vacances.

La main fantôme sur la vitre de la porte-fenêtre, elle, parle de l’éternel. Ses doigts touchent angéliquement le paysage : sans le toucher.

Je n’ai fait que frôler cette vie. J’y passais en étranger. Parfois une porte me résistait. Elle me séparait de moi-même. J’insistais sans impatience. L’écriture est cette main imprimée sur la vitre. »

Christian Bobin

Cet article a été publié dans Extraits, Poésie, Théorie. Ajoutez ce permalien à vos favoris.

Laisser un commentaire