« Tu commenceras par ne rien écrire. Assis devant la table, un feutre noir dans la main droite, tu commenceras par ne pas écrire et ce sera le vrai début.
L’irradiante fleur du vide s’ouvre lentement. A la moindre volonté de faire quelque chose ou d’être quelqu’un, elle se rétracte.
Les œuvres issues du vide ont une grâce comparable à celle du vent sur un champ de blé. Elles sont le vent, elles sont le champ. Elles ne parlent pas. Elles donnent à voir les cordes du silence.
(…)
Tu commenceras par ne rien vouloir ni penser.
Tu trouveras ta tête de petite enfance quand elle s’enfonçait dans l’oreiller, que tes yeux s’abstenaient du monde et que l’immense fleur du vide, déployant ses pétales, illuminait ta chambre noire. »
Christian Bobin