Épanouissement de la parole

« Il y a, pour l’épanouissement de la parole comme pour l’éclosion des fleurs, des conditions favorables. La justesse ne résiderait-elle pas d’abord dans la présence de ces conditions ? (…) Sans même y réfléchir encore, je sens défiler dans mon esprit quelques- unes des conditions de cet épanouissement (encore que le mot soit trop beau et qu’il faille plutôt parler ici de croissance) : une certaine insouciance, même une certaine détente (et non pas la révolte), le silence pendant de longs jours, et surtout l’ouverture de l’être tout entier (l’accueillance, si ce mot existait). Il me semble m’épanouir quand je ne parle pas, quand je n’ai pas à faire figure, c’est-à-dire à paraître. Plus je m’extériorise et plus je me ferme. En moi, s’ouvrir et s’extérioriser se contredisent. »

Philippe Jaccottet
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