Un temps de très près

« C’est d’un cahier ouvert
sur le coin de la table
que je ne dirai rien…
Les jeux, les séductions,
les germes d’artifices,
j’y pense quelquefois
mais le rien quotidien
porte tant et encore
que mes pensées se taisent,
que mes mains se dénouent…

L’éternuement d’un chat,
le sang d’un géranium,
une jacinthe pâle
accouchée de la nuit,
la mer à ma fenêtre.
Toute chose accoudée
A la table du jour…

La soupe dans le bol,
le repos de la terre
écrivent mieux que moi
une lettre d’amour.
L’hiver est un cadeau
quand les gestes s’épuisent.

La pointe du crayon
a troué mon papier,
la lumière s’engouffre
dans la moindre fissure…

C’est un temps de très près.
Paysanne penchée
sur la vigne des mots. »

Ile Eniger

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