C’est la fin du poème

« C’est la fin du poème.
Épaisseur et transparence, lumière et misère — les jeux sont faits…

On avait gardé le silence, ensuite murmuré.
On cherchait à se rapprocher du bruit que fait le cœur
Quand on s’endort ou du battement des portes quand le vent souffle.

On croyait dire et on voulait se taire.
Ou faire semblant de rire.
On voulait surtout sortir de son corps, se répandre partout,
Grandir comme une ombre sur la montagne, sans se perdre, sans rien perdre.

Mais on avait compté sans la dispersion souveraine.
Comment feindre et même oublier, quand nos débris sont jetés aux bêtes de l’espace
Qui sont, comme chacun sait, plus petites encore que tout ce qu’il est possible de concevoir.
Le vertige secoue les miettes après le banquet. »

Jean Tardieu

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