« Le langage est si intimement attaché à chacun d’entre nous qu’il fait partie de notre personne…
Et la poésie alors ? On y vient. La poésie, je la vois, je la sens, je la ressens quand le curseur de l’expression quitte la zone de service de l’auteur où elle est utilisée comme outil, comme véhicule du discours, de l’exposé, et que l’expression quitte également la zone opposée du foisonnement formel, de la recherche, de l’exploration, pour se situer pile poil au point d’équilibre entre les deux. Autrement dit, le poème me touche quand il témoigne de la symbiose, quand le poète ne parait pas tordre le bras de la langue pour lui faire avouer on ne sait quoi, mais également quand le poème n’apparaît pas comme du langage désincarné, sans rien ni personne derrière. C’est donc bien entre le poète et le poème qu’apparaît la poésie, à distance identique des deux, mais les réunissant, témoignant également de l’être et du langage. »
Jean-Marie Dutey