Comme la terre et l’argile

« Souvent j’ai travaillé la nuit entière sans qu’à l’aube il me soit resté un seul mot. D’autres fois, en temps de loisir, de paresse et de distraction, mes plus beaux vers sont nés sans mon aveu. Pourtant, je n’ai pas maudit le travail et la peine. Je me suis souvenu qu’il était pour l’eau, entre la pluie et la source, un pénible et douloureux cheminement. Je ne me suis pas présenté comme la source, produisant par miracle une eau pure, mais comme la terre et l’argile. Je filtrais comme l’une, je rassemblais comme l’autre. Les vers jaillissaient à la fin…

J’ai choisi cette voie librement. Je ne me plaindrai pas d’avoir échoué : une autre réussite ne m’eût pas satisfait. »

Roger Caillois

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