« Je ne dilapiderai ni le silence ni l’espace
lourd de mon corps et des projets
démesurés qui me peuplent et m’exaltent.
De mes doigts gourds de palper les mémoires
j’adhère à toutes sortes de projets
de joie et d’espérance.
Profonde et claire,
la voix qui me répète proclame la vie…
Ce que nous avons gagné :
un arpent de monde, concret, localisable,
et un prisme de couleurs pour le contempler…
Ce qu’il y a sous chaque mot :
Il a déjà plu et ce qui reste de l’après-midi
sera plus intime et plus clair.
Fuyons toute verbosité.
Disons seulement l’essentiel :
Le nom
le plus utile et le plus simple de chaque chose…
Regarde le vent prendre la forme des bégonias,
regarde-le nettoyer vitres et rideaux
aiguiser les angles vifs du crépuscule…
Je pense à l’urgente
nécessité de combattre les mirages,
d’abandonner la plage des heures
où le soleil de plomb tombe sur le sable
annihile les volontés d’établir de nouveaux chemins jalonnés de présages…
Nous coupons le pain à chaque instant. »
Miquel Martí i Pol