« Un Derviche demanda à Madjnoûn: Dis-moi, mon fils, quel est ton âge maintenant?
L’homme à l’âme tourmentée répondit: J’ai mille et quarante ans.
Le Derviche reprit: Que dis-tu, homme inconscient, serais-tu devenu encore plus fou qu’avant?
Alors Madjnoûn dit: Les mille ans tiennent dans l’espace d’un souffle, celui durant lequel je pus voir le visage de Leylî. Les quarante ans sont la durée de ma vie qui a été en pure perte; ma vie de mille ans fut cet instant-là. Pendant quarante années je me suis occupé seulement de moi, j’ai vécu dans la pauvreté en dépit du trésor qu’était ma vie. Mais cet instant vaut bien mille ans, car avec Leylî je compte sans avoir conscience de mon moi. »
Farid-ud-Din Attar