« Laissez venir à moi tous les chevaux toutes les femmes et les bêtes bannies
Et que les graminées se poussent jusqu’à la margelle de mon établi
Je veux chanter la joie étonnamment lucide
D’un pays plat barricadé d’étranges pommiers à cidre
Voici que je dispose ma lyre comme une échelle à poules contre le ciel
Et que tous les paysans viennent voir ce miracle d’un homme qui grimpe après les voyelles…
Et dites-vous le soir quand vous rentrez…
Que la lampe qui brûle à l’avant du pays très tard est comme la lanterne d’un carrosse
Ou d’un navire bohémien qui déambule tout seul dans les eaux profondes du crépuscule…
Les fumures du temps sont sur le ciel répandues
Et le dernier dahlia dans un jardin perdu !…
Peut-être qu’un cheval à l’humeur insolite
Un soir qu’il fera gris ou qu’il aura neigé
Posera son museau de soleil dans mes vitres. »
René Guy Cadou