« Qui parle
Si je parle
Quel ancêtre
Respire en moi
Par la parole
Je redonne la vie
A celui qui soignait sa vigne
Avec des gestes
De pédiatre ou d’horloger
A cet autre
Que son violon fou
Emportait autour du village
Il me faut dire tout cela
Aujourd’hui
Avec des mots
Comme des chemins
Aujourd’hui
Il me faut trouver le langage
Qui soit la source
Et le delta… »
Hélène Cadou
Je suis inculte et pauvre
comme la terre que j’aime
comme ses arbres donnent leurs fruits
j’écris des mots amers et durs
qui mûrissent sur du bois sec
Ils agacent les dents
ils ont l’odeur des pierres
consumées jusqu’à l’étincelle
leurs noyaux de sang noir
ne cachent pas d’amande
ils n’ont pas grand pouvoir
sur la mémoire des lièvres
sur la faim des oiseaux
Ne cherchez pas ici
les alpages du verbe
les vergers blasonnés
de mensonges dorés
forêts de mots
moissons d’images
pour la cognée fertile
et la faux généreuse
d’autres tireront à raison peut-être
leurs feux d’artifice
au bord de la mer
Voici le terre ingrate et nue
où ma mort creuse ses terriers
où ma vie creuse ses sources
voici mon île arraisonnée
et beucoup la croiront déserte
beaucoup passeront sans la voir
Voici mon poème natal
mon ossature
ma vérité.
Serge Wellens.