Le nom est borne lumineuse

« Par intensification, par concentration – je parlerais d’advertance – la relation poétique aux mots conduit à considérer tout nom comme s’il était un nom propre. A lui conférer une sorte de lignée, et à l’envisager en lieu de dépôt de la langue. En l’appréhendant comme un lieu-dit. Mais aussi, un lieu-tu. Il s’agit de glisser du lieu commun au nom propre : opération vers ce que je nomme lieu propre. Tout un paysage inconnu, une terra incognita, silencieuse mais pas muette, rôde aux parages du nom, ainsi rayonnant dans une zone de mystère et de doute, et qui vient de très loin. (…) Le nom est borne lumineuse sur le chemin, donc un point d’ancrage, sur lequel l’œil s’appuie, oscillant dans l’agencement, cependant que la pensée acquiert une mémoire graduée du texte. La phrase est comme une vieille maison rénovée, réaménagée, et les noms en sont ses pièces d’où le déplacement s’effectue. »

Patrick Beurard-Valdoye (en entretien avec Florence Trocmé)

Cet article a été publié dans Extraits, Théorie. Ajoutez ce permalien à vos favoris.

Laisser un commentaire