L’univers tout entier était poésie

« Tout, l’univers tout entier était poésie: le travail, le galop d’un cheval, une maison, un oiseau, un rocher, l’amour. (…) Et il devait en être ainsi, car la poésie c’est le verbe.

Même maintenant, les strophes venaient facilement, l’une après l’autre, et bien qu’il ne notât plus depuis longtemps ses vers, qu’il en fut depuis longtemps incapable, les mots n’en venaient pas moins avec aisance, dans un rythme donné et à chaque fois extraordinaire: la rime était exploratrice, c’était l’instrument d’une quête aimantée des mots et des concepts. Chaque mot était un morceau d’univers, il répondait à la rime, et l’univers entier défilait avec la rapidité d’une machine électronique. (…) Et quelle importance qu’ils ne fussent pas notés? Transcrire, publier, tout cela n’était que vanité. Tout ce qui se crée de manière non désintéressée n’est pas le meilleur. Le meilleur est ce qui n’est pas noté, ce qui a été créé et qui a disparu, qui s’est dilué sans aucune trace. (…) Un poème a été composé, le merveilleux a été créé. »

Varlam Chalamov

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