Langue du silence

« Dans le crépuscule d’été

Où nul ne baisse plus la herse

Les blés parlent la langue du silence

Au bord d’un enfant qui rentre à vélo par la route solitude

Avec des jeux dans le cœur

Ne sachant pas qu’il joue là toute sa vie :

Le souffle de la dynamo et les cailloux dans ses poches

La chaleur sombre sur sa peau et le lumignon de la maison au bout de la rue

Nids des mots qui se déposeront sur sa feuille bien loin d’ici

A des années-lumières

Pure récurrence

Quand d’autres champs, d’autres peaux se seront rassemblés

Que ses enfants rentreront à vélo un soir d’été semblable

Des cailloux dans les poches, aussi anciens que les siens égarés depuis longtemps

Quand le crépuscule sera celui de ses doigts partis en fumée

Volutes d’écriture

A la fenêtre fragile des paysages

Et qu’il entendra le souffle de la dynamo depuis une région lointaine du cœur

Quand, alors, les blés feront à nouveau silence

Pour l’appeler une dernière fois. »

Cédric Migard

Cet article a été publié dans Poésie, Théorie. Ajoutez ce permalien à vos favoris.

2 Responses to Langue du silence

  1. Avatar de Suzanne Suzanne dit :

    Quand j’ai lu ce poème, je me suis revue,enfant, dévalant sur mon vélo une avenue en pente.
    Merci pour ce souvenir plein d’un bonheur que je ne savais pas.

Répondre à Suzanne Annuler la réponse.