« La vraie question c’est : où est-ce qu’on respire ? Moi, je pense qu’on respire dans les moments apparemment perdus, on respire en regardant par la fenêtre, sans intention. On respire en regardant un enfant dormir. On respire en découvrant une phrase splendide sous la neige d’une page. On respire en voyant – j’ai vu il n’y a pas très longtemps par la fenêtre, dans le pré qui fait face à la chambre d’écriture, j’ai vu un daim – et bien on respire en voyant cette bête sauvage et douce, dont la sauvagerie est si douce. On respire partout où apparemment il ne se passe rien, apparemment les choses sont sans valeur et souvent les choses sont hors langage, personne n’a pris le soin de les nommer, ces choses-là. Et pour moi c’est le travail de l’écriture… »
Christian Bobin (entretien)