Un bréviaire nu

« Des tas d’autres poèmes restent à dire et à écrire. Un poème, c’est un bréviaire nu rassemblant la parole du monde dans une seule salve. Celle qui traverse nos corps et nos pensées. Celle qui s’immisce comme une lueur dans le noir…

Le poète est le traducteur du mystère. Il entend le silence qui déloge l’air du trou qu’il occupe…

Une présence clandestine souffle une intimité cachée qu’aucune voix ne traverse. Une forme de liberté occupe les espaces impossibles. Un oiseau passe de branches en branches sans raison. L’infini se mesure à lui-même. Et derrière un fagot d’embrun, ton visage fait fondre la neige qui chante le ruisseau… Tes yeux tanguent sur une balançoire et ton sourire repose sur un banc au milieu du jardin. Quelque part, une récréation n’en finit pas d’alléger les coups de marteau du temps.

Nos vies sont des lumières tremblantes.

Nous nous retrouvons toujours après l’assaut des mots…

La patience est toute entière blottie dans les frasques du jour. Un matin à gorge pleine roule sur l’alphabet des herbes tendres. Les bottes du soleil écrasent les ombres. Tout doucement une poésie nouvelle effleure l’enfance du feu et nos lèvres muettes mastiquent le vide où pousse un coquelicot.

Définir, c’est restreindre les limites. Oxymores latents au bout des langues écrites, le mot est une bouche de lait sans compromis…

Une seule poésie me touche, elle est irrationnelle. Dix mille font vent. Cent mille font tempête. »

Bruno Odile

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