« D’énormes vagues de prairies
arrivent des campagnes profondes
les lis plongent
les fleurs de citronnier réapparaissent,
fleurs uniques,
vibrante traversée d’avril.
Le rouge des coquelicots
phare qui clignote.
D’énormes vagues de prairies
arrivent du large des campagnes.
Arrivent aussi des profondeurs du temps
herbe, camomille et fleurs uniques pour éclore
dans mes tiroirs, fleurs sauvages
dans mes tiroirs sauvages.
Une merveille les choses enfermées là-dedans
échangées, à échanger, changées
battements d’ailes de mémoire
apostrophes là-dedans traînantes
chuchotis chuchotements : masques du silence
et pousse noire de l’encre
des écrits, des désécrits, des réécrits
des écrits sauvages.
Des chronologies à longue figure
jeûneuses d’avenir devenues saintes
jettent la bure aux orties
et font fleurir un temps profane allongé,
temps fleur sauvage
des tiroirs sauvages. »
Kiki Dimoula