« Ton royaume se fonde sur des brindilles,
Des silhouettes de sable que le vent emporte,
Des barques trouées se détachant de leurs rives.
Il n’y a de rituel que celui d’un feu à la belle étoile,
Pour ses escarbilles que chacun regarde alunir dans la nuit.
Le temps ne compte pas ses heures, cherche en lui les grands horizons et le libre présent.
Il n’y a que des visites, des retrouvailles, des passages, des soupiraux conduisant à la mer.
Ton armée fait silence pour écouter la rumeur des brins d’herbe,
Elle a quitté les batailles, les batailles peu à peu la quittent.
Sur la terre, dans les mains, les fusils ne laissent plus que des traces de rouille ;
Ça fraternise avec le paysage et la mémoire.
Ton peuple revient chaque jour des champs
Couronné de soirs bleus,
Fourbu mais droit de ses sillons,
Remerciant l’épi.
Tes yeux sont la route des amants,
Les chemins d’automne où malgré tout un oiseau demeure
Pour fleurir le silence.
Et ton chant,
Affranchi,
Ton chant est devenu le garant
Du royaume. »
Cédric Migard