« Une rue
Une grappe d’enfants
Au bout du soir, au bout du bout
Des champs à perte de chants
Seulement des voix passant la barrière de l’air
La ligne rouge de l’été
Les blessures, les jeux, tout l’aimé
Les années n’y peuvent rien
Ces terrains vagues qui ressemblaient à des mers
Tes yeux y voient toujours des voiles
Comme si l’horizon avait oublié de les avaler
Comme si des cailloux et des baisers avaient arraché
Un morceau de ton cœur
Et il palpitait là dans un sable où les pas ont arrêté un instant les marées
C’était ce temps
Où des vélos aux sonnettes rouillées jetés en bordure d’une zone à bâtir hurlaient à la lune
C’était ce temps
Où le chat errant te confiait être ton frère, ce chien qui aboyait comme un oiseau
Puis tournait la tête pour courir vers un autre destin
C’était ce temps
Des mains tenant
Où chaque mot
Inventait le sens
Pour que s’invente chaque mot
C’était ce temps
D’une autre maison
Plus vraie avec son toit de hasard
D’où l’on ne revenait jamais vraiment. »
Cédric Migard