« Brins d’herbe où se couche ton chagrin,
Brins d’herbe d’où s’élance la coccinelle de ta joie, toute résumée à ses ailes,
Brins d’herbe qui se reposent en toi
De la brûlure du soleil,
Brins d’herbe parmi lesquels tu nageais nu
Quand l’enfance et son été n’étaient pas un rêve,
Brins d’herbe que tu brouteras
Quand le temps t’aura laissé
En animal-gardien de cette terre,
Brins d’herbe contre ta bouche
Quand vient sourdre l’eau lustrale,
Brins d’herbe comme page blanche dans la nuit
Où le corps de l’aimée s’est écrit
Avec ses premiers mots,
Brins d’herbe arrachés
Par petites poignées
Pour donner à manger aux moutons, aux chevaux,
Brins d’herbe sans cesse fauchés de cette vie et repoussant sans cesse
Au cœur d’une parole
Dont tu traverses les jardins. »
Cédric Migard