« L’équipage était sans navire
le ciel avait largué le vent
il n’était plus temps de partir
il était trop tôt pour mourir
l’ombre avait étouffé le dernier soupir des mourants.
Partir
et l’aventure entre les yeux
et la mer que l’on voit un peu
le passage au bout de son désir
la houle au bout du bras
les mots qui s’en vont pas à pas.
L’équipage avait peu d’espoir
un peu de charbon dans la soute
et les maisons qui dansent après boire
les assassins qui bordent les routes
et les relents de l’amour qui se perchent le soir.
Partir
et le bruit sourd des capitales
le gouffre que l’on tient au creux de l’estomac
les cris d’alleluia que l’on livre au grand mât
et les accordéons qui pleurent
le sentiment perdu au croisement des vagues.
L’équipage était sans navire
les cris peuplaient la poitrine
le capitaine hurlait à la dérive
la mer ne lui répondait pas
le promeneur avait franchi la rive. »
Jean Bouhier