Les vivants

« Ceux d’entre nous qui ont le goût de l’éternel

Passent aussi,

Se rappelant une cuisine de province

Dans le temps de Noël,

L’odeur du lait qui chauffe et les cris des enfants

Assis sous la lueur des petites bougies.

Ils cherchent la cime du temps, les dangereuses pentes,

Mais reviennent la nuit dans la maison qu’on a vendue

Avec des tiroirs pleins de lettres où s’effacent

Les traces du bonheur obscur.

Car ils passent aussi,

Connaissant bien le goût des larmes

Et la chaleur des corps qu’ils n’embrasseront plus,

Comme tous ceux qui partent sans rien dire,

Ayant vécu

Dans cette éphémère clarté qui bouge sur les fronts

Entre deux masses d’ombre. »

Jacques Réda

Cet article a été publié dans Poésie. Ajoutez ce permalien à vos favoris.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s