« Vous pensez à cette phrase lue l’autre soir par l’écrivain: à mon âge, je paye pour chaque mot. Il y a très peu de différence entre mourir et écrire. Il y a si peu de différence que, pendant un instant, vous n’en découvrez plus aucune. L’écrivain c’est l’état indifférencié de la personne, la nudité indifférente de l’âme. De l’âme comme regard. De l’âme comme absence. Celui qui écrit s’en va plus loin que soi. Il avance à pas de neige. Il parle à mots de loup. Il va vers la parole faible. Il va vers la parole nue, retournée comme un gant. Il éclaire en parlant sa propre absence. »
Christian Bobin