« Peut-être devons-nous parler encore un peu plus bas,
De sorte que nos voix soient un abri pour le silence ;
Ne rien dire de plus que l’herbe en sa croissance
Et la ruche du sable sous le vent.
L’intervalle qui reste à nommer s’enténèbre
Ainsi que le gué traversé par les rayons du soir,
Quand le courant monte jusqu’à la face en extase des arbres…
Parler plus bas, sous la mélancolie et la colère,
Et même sans espoir d’être mieux entendus,
Si vraiment avec l’herbe et le vent nos voix peuvent donner asile
Au silence qui les consacre à son tour,
Imitant ce retrait du couchant comme un long baiser sur nos lèvres. »
Jacques Réda