« On ne peut vraiment sentir les poèmes eux-mêmes tant qu’on n’a pas pénétré la force du silence qui se trouve à leur source. »
Paul Auster
« On ne peut vraiment sentir les poèmes eux-mêmes tant qu’on n’a pas pénétré la force du silence qui se trouve à leur source. »
Paul Auster
« Les feuilles tombent, tombent comme si au loin
se fanaient dans le ciel de lointains jardins ;
elles tombent avec des gestes qui se refusent.
Et dans les nuits la lourde terre tombe
de toutes les étoiles, dans la solitude.
Nous tombons tous. Cette main tombe.
Et vois, cette chute est dans toutes les autres mains.
Et pourtant il en est un qui retient dans sa main,
cette chute délicatement, éternellement. »
Rainer Maria Rilke
« Je dis de toi et de la rose
Mes poèmes sont évidents
Je dis toujours la même chose
La vie l’amour la mort le temps
Prenant les phrases toutes faites, les vérités de tous les jours
Je ne suis ni ange ni bête
Mais je me répète toujours
Je dis de toi et du bonheur et la chaleur d’être avec toi
Je dis de toi et du malheur
Le tourment de n’être que moi
Je dis ce que chacun devine, l’abc de la clef des chants
Le fil sans fin que j’embobine
N’est qu’un gros fil cousu de blanc
Je me répète et recommence, je ne dis que ce que je sais
Mon souci mon insouciance
Mon embarras
C’est bien assez. Je me reprends sans fin ni cesse
Est-ce vraiment vraiment le même qui dans sa fausse vraie paresse
N’est que l’absence de soi-même
Toujours distrait si je médite, toujours ailleurs si je suis là
Qui donc en moi veille et persiste à être moi
Si malgré moi un jour vient où la persistance
Que j’avais cru perdre à tous vents
Devient le fil de la constance
Signant la trace d’un vivant
Ce n’est peut-être que ma mort qui saura bien photographier
Fini le jeu de j’entre-et-sors
Cet inconnu qui m’échappait, il dit toujours la même chose
Il redécouvre à chaque instant
La même évidence morose
La même joie qui n’a qu’un temps
Mais un seul fruit songe et s’accroît dans la fleur en métamorphose
Se répétant moins qu’on ne croit
Disant toujours la même chose. »
Claude Roy
« Le poème se conforte à sa vocation,
en réclamant notre souffle,
en le faisant mûrir. »
Pierre Dhainaut
« Les nuits sont pleines des cris de ces animaux
Qui vont et viennent dans ces cours et ces rues habitées mais sans âmes
Les chutes sont nombreuses qui ne disent par leurs noms
Vois-tu ce qu’ils appellent vie n’est qu’un espace de transit vers la mort
Ils nomment bonheur le moment dérisoire et court que la douleur a délaissé un instant
Quelques prisonniers s’évadent parfois à l’insu du monde
Ils vont auprès d’un amour ou d’un livre rencontré au hasard
Soyez bénis chiens de lumière oiseaux de passage
La plupart ne connaîtront jamais ces émotions nouvelles et infinies
Les nuits sont pleines de ces paroles inarticulées
Ils enseignent et ne savent rien
Ils s’agitent, parlent sans cesse mais ne disent pas un mot valable
Vois-les courir et trembler de peur au fond de leur nuit maquillée de lumières
Vois pleurer derrière eux invisible l’être vivant que jadis ils étaient
Les nuits sont pleines de nos ordures sans nombre et de nos déchéances
Oublier, maître mot, cette voix évaporée au fond de soi
Sombrer doucement jusqu’à l’abîme sans retour
Les nuits sont pleines de fantômes dépouillés
Meurtris de n’avoir pas vécu
Je ne marche pas pour toi civilisation
Si quelque fois on a pu croire en toi sache-le
Ta mort avant l’heure et sans grâce ne vaut pas le coup
Tes pas sonnent faux, ta voix discordante je ne l’entends plus
Tu m’as rendu aveugle et sourd, insensible, fou à lier
Je retourne là où j’étais le premier jour
Avec d’autres chiens égarés. »
Zeio
« Une calme urgence travaille nos vies. Urgence à ne rien faire, à laisser travailler les forces naturelles. Elles ont mis du temps à se faire connaître, à rester séparées, hors du monde.
La présence vient de loin, se connaît, se reconnaît dans le mouvement silencieux. »
Alexandre Hollan
« C’est l’écriture en marche que le sang rend visible
qui ouvre par le feu des routes insoumises
qui ouvre par le feu d’immenses coïncidences. »
Tristan Cabral
« Je sais qu’on ne meurt pas et qu’il faut être vrais
Si nous voulons être éternels
Je sais que la seule aventure réelle
Est la projection hors de nous
De quelque chose qui durera plus longtemps que nous. »
Marcel Béalu