« J’attends toujours qu’un journaliste indiscret me pose la question: Que pensez-vous de la poésie? Quelle est votre conception de l’art?
Que répondre?
Que je n’ai point souci de la beauté. Que celle-ci s’impose ou se refuse. Une réussite ne vaut justement que par son pouvoir de refus. On ne reconstitue point un crime. La victime fait toujours défaut: on la double. Evitez le doublage. Le tort de la justice en art est toujours de vouloir reconstituer, de se mettre dans la peau du poète. Au poète donc de changer de peau. J’appelle changer de peau non point cette vertu – ou ce caprice – que possède le caméléon de changer de milieu ambiant, mais ce sentiment d’écorché vif qui doit être la sauvegarde du poète, sa façon de se confondre avec l’éternité. »
René Guy Cadou