Le lombric se réveille

« Dans la nuit parfumée aux herbes de Provence,
Le lombric se réveille et bâille sous le sol,
Étirant ses anneaux au sein des mottes molles
Il les mâche, digère et fore avec conscience…

Son rôle,
Il le connaît. Il meurt. La terre prend l’obole
De son corps. Aérée, elle reprend confiance.

Le poète, vois-tu, est comme un ver de terre.
Il laboure les mots, qui sont comme un grand champ
Où les hommes récoltent les denrées langagières ;

Mais la terre s’épuise à l’effort incessant !
Sans le poète lombric et l’air qu’il lui apporte
Le monde étoufferait sous les paroles mortes. »

Jacques Roubaud

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