« Il m’a fallu pourtant accepter l’évidence que ma volonté consciente n’était pour rien dans mes cheminements et qu’un veilleur malicieux, en moi ou hors de moi, s’obstinait à ridiculiser le hasard. J’ai aujourd’hui la certitude apaisante, quoique déraisonnable, d’avoir été mené sans cesse où je devais aller… Chacun en lui a sa boussole qui l’attire à ce qu’il lui faut. Tous les ânes vont aux chardons, tous les chiots à la mamelle. Les hommes, eux, vont au savoir. Leur destin est de découvrir, d’éclore toujours plus amplement, de déployer sans fin leur esprit, leur conscience. Leur chemin est obscur, étrange, tortueux. Ils peuvent certes s’égarer, s’embourber dans l’absurde et maudire leur vie. Il m’est arrivé de me perdre, comme à tout voyageur. Mais, dieu merci, même au plus noir des marécages je n’ai jamais désespéré jusqu’à nier l’existence des routes. »
Henri Gougaud