« Le désir du vrai lieu est le serment de la poésie. Elle qui a donné l’énergie de l’entreprendre, elle est la ressource du chemin. Les mots venant devant nous dans l’espace de l’attente, les mots n’étant plus que l’espace et le savoir, elle saura dissocier dans nos rencontres majeures la qualité qui se perd et le sens qui veille pour nous. Elle interrogera l’horizon selon le vœu de nos cœurs. Elle questionnera ceux qui passent. Et quand certaines choses se découvriront des trouées, des signes consumés par la présence très proche du bien qu’ils ont évoqué, elle se souviendra de ces clés dans son économie la plus stricte, elle établira le mot lampe ou le mot navire ou le mot rive, cette fois, dans le château d’une mémoire qui œuvre, entre dispersion et retour. Ces choses sont en effet comme les contreforts du vrai lieu. »
Yves Bonnefoy